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Airdutemps 

 

Gerland et la photo

Je commencerai par mon père. Je garde en mémoire l’image d’une photographie. Mon père me tient la main. Nous sommes devant le stade de Gerland à Lyon. 

Mon père est Stéphanois. Je suis Lyonnais. Chaque année, nous allions assister au derby Lyon-Saint-Etienne. L’ambiance était bonne enfant. Les supporters des deux camps rassemblés. On se chahute, on se « chambre » par rapport à ce qui se passe sur le terrain. On chante, on encourage. Il arrive que deux excités en viennent aux mains. Aussitôt, des supporters des deux camps se précipitent, les séparent en les rappelant à plus de civilité et d'esprit sportif. Voilà, l’incident est déjà terminé comme si rien ne s’était passé. 

Et puis, le match, arrive à son terme. On rentre chez soi, heureux ou déçu selon l’équipe qui a gagné. Mon père qui penche plutôt pour l’équipe de Saint-Etienne est satisfait si les « verts » ont gagné. Mais il est encore plus heureux devant ma joie si c’est Lyon qui a la victoire. Finalement, il gagne à chaque fois.

Aujourd’hui, un Lyon-Saint-Etienne s’apparente à une guerre (mais également d’autres rencontres de football). On a séparé les (hordes) groupes de supporters, établit un protocole de sécurité pour l’entrée dans le stade, pour l’attribution des places et pour quitter le stade. On a placé, parait-il, 300 caméras, visualisées constamment par des observateurs. Le terrain est entouré par des « stadiers » qui surveillent en permanence les tribunes. N’oublions pas non plus la police mobilisée en nombre pour la circonstance. Aujourd'hui, ce n'est plus que violences, invectives, insultes que l'on a bien du mal à contenir. On crie presque victoire quand on a évité l'envahissement du terrain pour s'en prendre à l'arbitre, aux joueurs adversaires voir à l'équipe que l'on supporte. Pendant combien de temps encore va-t-on devoir supporter ces "supporters" ?

C’est, à Lyon. C’est à Saint-Etienne…. C’est partout en France et ailleurs.

Voilà ! Qu’est-ce qui s’est passé en 60 ans pour en arriver à un tel " ensauvagement ", à une telle démesure, à une telle " décivilisation "

C’est à ne plus rien comprendre, à ne plus rien reconnaitre. Heureusement, il me reste la photo.